Je dois bien dire que j'avais hâte de voir ce film, j'en attendais beaucoup, et la bande-annonce augmenta considérablement ma hâte. Alors déception ou ravissement ? Déception. Sans aucune hésitation.

    Suicide Squad est une adaptation réalisée par David Ayer du comics éponyme qui place des bad guys de l'univers de DC Comics au premier plan. On retrouve donc parmi les personnages principaux Deadshot, Harley Quinn, Captain Boomerang, l’Enchanteresse, Killer Croc, El Diablo, ainsi que le Joker, et, clairement, le traitement des personnages fait partie des principaux points négatifs. Ils manquent presque tous de profondeur alors que le film semblait être une parenthèse dans la dernière série d'adaptation de DC pour nous présenter une vue rapprochée de ces soi-disant méchants. Le spectateur a du mal à s'y attacher (bien que des semblants d'effort aient été fait pour nous faire compatir à leur sort et les rendre appréciables), pas parce qu'ils sont trop méchants, mais parce que le film ne les développe presque pas. Faire de Deadshot un père aimant en sachant que c'est un tueur à gages, ou d'El Diablo un époux repentant, ne suffit pas pour en faire des personnages intéressants. De plus, je trouve que les quelques informations que l'on a sur El Diablo sont très mal amenées par la narration, et en ce qui concerne les autres, on ne sait presque rien. Ce manque de profondeur rend de ce fait les scènes de cohésion du groupe, de rapprochement entre les personnages complètement ratées à mon goût puisqu'ils semblent presque être des étrangers les uns pour les autres de même que pour le spectateur.

    Le film fait une petite place au couple Harley Quinn/Le Joker, et je pense que c'est de là que provient ma plus grande déception. J'en attendais vraiment beaucoup dans la mesure où c'est la première apparition de Harley Quinn au cinéma et où le défi pour Jared Leto qui interprète le Joker était très grand après l'incroyable performance de Heath Ledger dans The Dark Knight de Christopher Nolan. Le jeu de Jared Leto n'est pas mauvais, en revanche, son adaptation par les scénaristes me semble très loin du personnage psychopathologique des versions précédentes, qui est bien plus intéressant selon moi que le Joker mafieux que l'on nous propose dans ce film.

Suicide Squad

    En ce qui concerne Harley Quinn, le début de sa relation avec le Joker est montré dans le film, mais là encore ça s'est révélé assez décevant. Ce qui aurait pu être une histoire complexe de naufrage dans la folie et d'aliénation est réduite à quelques images du Joker infligeant à Harley Quinn des décharges électriques dans le cerveau contre son gré. Le film utilise un raccourci qui fonctionne assez peu et rend leur relation bien fade. De plus, son personnage ne renvoie pas une très bonne image de la femme dans la mesure où elle est présentée comme une femme objet, purement sexuelle.

    L'idée originelle issue du comics était intéressante, mais le scénario du film ne m'a vraiment pas convaincue. L'histoire est pauvre, le montage est ignoble, et les dialogues sont loin d'être mémorables. Quant à l'esthétique du film, elle n'est pas mauvaise mais je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi les soldats ensorcelés sont représentés de manière aussi hideuse, gâchant ainsi une partie des plans du film. Enfin, le principe même de mettre en scène des méchants est complètement effacé par la volonté de rendre le spectateur compatissant. Dès le début, alors qu'ils sont en prison, les futurs membres du Suicide Squad sont présentés en victimes, et les vrais méchants semblent être les gardiens de prison et l'agent gouvernemental, Amanda Waller (Harley Quinn lui demande même si elle est le Diable, au début du film).

    En conclusion je dirais que certes le film ne manque pas d'effets spéciaux et de bagarres, mais que clairement ça ne suffit pas pour en faire un film intéressant. Les scénaristes ont voulu traiter trop d'idées en un seul film, ce qui fait que tout a l'air bâclé.

Après avoir vu le film, la dernière réplique de Harley Quinn dans cette bande-annonce m'apparaît vraiment comme de l'ironie.

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