Dans l'océan des films de super-héros on trouve Wonder Woman, l'une des dernières productions des studios Warner Bros. Pictures à partir du personnage des DC Comics.

    Le film reprend les origines de la super-héroïne, Diana, princesse des amazones vivant sur une île paradisiaque et totalement coupée du monde extérieur, jusqu'au jour où elle sauve un aviateur britannique de la noyade. Ce dernier lui révèle qu'une guerre ravage le monde, la Première Guerre Mondiale, ce qui va décider la jeune femme à quitter son île pour porter secours à l'humanité en tuant le dieu de la guerre, Arès.

    Sous ses faux airs de film féministe, le film nous présente certes un personnage principal féminin, mais ce dernier est aussitôt assisté d'un personnage masculin qui lui vole la vedette et, surtout, l'héroïsme. En effet, l'aviateur britannique est le seul personnage principal ayant un minimum de consistance, l'intrigue du film tourne autour de son plan et de son travail, et la fin est tout de même centrée sur son sacrifice qui en fait le véritable héros du film. L'aspect féministe du film est donc illusoire, d'autant plus que les amazones, à l'exception de Diana, restent tranquillement sur leur île lorsqu'elles apprennent qu'une guerre déchire le monde alors que leur rôle est de rétablir la paix sur terre. Leur dimension guerrière n'est que de la poudre aux yeux et leur rôle dans le monde est plus que limité. On voit également dans quel sens va la vision féministe du film lorsque Diana et l'aviateur évoquent la sexualité des amazones qui, du côté de Diana, semble se limiter à la lecture d'ouvrages, et qui concluent que l'homme est inutile lorsqu'il s'agit du plaisir féminin. Merveilleuse vision du féminisme qui apparemment se manifeste par un rejet de l'homme.

    Mais bien d'autres choses manquent de pertinence dans ce film. Sans parler de mythologie (le fait que les dieux de la mythologie grecque puissent mourir par exemple), l'aspect historique et humain est révoltant. Le film se déroulant pendant la Première Guerre mondiale, on peut comprendre que les soldats allemands soient désignés comme les méchants aux yeux des autres soldats compte tenu du contexte, de la propagande de l'époque, etc. Seulement le personnage de Diana est censé avoir été préservé de tout ça puisqu'elle a toujours vécu en autarcie sur son île. Ainsi, lorsque l'aviateur anglais débarque sur son île, poursuivi par des Allemands, il se désigne comme le gentil et eux comme les méchants. Le film insiste donc sur la stupidité de Diana qui le croit et adhère à son camp immédiatement après être tombée sous son charme. Plus tard dans le film, elle affirmera son caractère et son principe de foncer tête baissée, sous prétexte de sauver des gens, en allant massacrer des soldats allemands, auxquels le film colle l'étiquette "méchant" jusqu'au bout. L'acte est alors montré sous un jour héroïque alors que, sa mission étant de rétablir la paix et l'espoir d'une armistice étant en jeu, elle ne fait que participer à l'hécatombe qu'elle dénonce. L'idéologie américaine est donc montrée sous son jour le plus affreux, bafouant la complexité géopolitique et humaine. Cette ode au manichéisme est d'autant plus flagrante que le film évoque des Hommes à l'origine bons, que le dieu Arès aurait pervertis en leur insufflant son esprit belliqueux. Cette vision très biblique du monde s'accompagne de personnages fades et sans aucune originalité.

Une déception, sans grande surprise pour autant, qui tourne en dérision toutes les valeurs du cinéma.

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